Depuis plus de 35 ans, lāEntreprise Misfat a acquis une expertise remarquable dans la conception et la rĆ©alisation dāune gamme Ć©tendue de filtres pour vĆ©hicoles.
Misfat est un acteur prĆ©pondĆ©rant de lāindustrie automobile tunisienne, il sāagit dāune success-story qui a su se dĆ©velopper au fil des annĆ©es , avec plus de 900 employĆ©s qui fabriquent et distribuent tous les types de filtres pour VL et PL depuis une usine de Tunisie mais Ć©galement en France, où le groupe a investi avec succĆØs.
Misfat fournit lāensemble des Ć©quipementiers offrant des gammes de filtres et vend sa production sous 50 marques diffĆ©rentes dans de nombreux pays.
1. Pourriez-vous vous prƩsenter et prƩsenter votre mission au sein de Misfat ?
Mohamed Guermazi, Directeur General Adjoint du groupe MISFAT. Mon parcours professionnel Ć MISFAT a commencĆ© en 2000 en qualitĆ© dāingĆ©nieur de dĆ©veloppement. Ensuite jāai occupĆ©, pendant 4 ans le poste de directeur dāusine. Depuis 2007, DGA du groupe, je suis chargĆ©, entre autres, du dĆ©veloppement technique et industriel de toutes les filiales du groupe. Je suis Ć©galement le GĆ©rant de la filiale MISFAT Maroc et le Key Account Manager pour les clients constructeurs automobiles (pour les portefeuilles OEM & OES du groupe).
2. Quāest-ce qui a changĆ© avec la crise du Coronavirus, dans votre mĆ©tier et au sein de votre entreprise ?
La crise sanitaire et les mesures prises pour contenir la COVID-19 ont touchĆ© toutes les filiales du groupe. Il Ć©tait donc primordial dāadoptĆ© dĆØs les premiers jours, avant mĆŖme le dĆ©but du confinement, des mesures trĆØs poussĆ©es pour protĆ©ger nos employĆ©s qui constituent notre ressource la plus importante. MISFAT Ć©tait parmi les premiĆØres sociĆ©tĆ©s industrielles Ć redĆ©marrer ses activitĆ©s aprĆØs seolement deux semaines de confinement. Ceci Ć©tait possible aprĆØs avoir entrepris toutes les dispositions nĆ©cessaires afin de garantir le retour au travail dans des conditions trĆØs sĆ©curisĆ©es : RĆ©organisation et distanciation des postes de travail, installation des sĆ©parations dans les endroits où les ouvriers peuvent ĆŖtre prĆØs lāun de lāautre, formation et sensibilisation en permanence pour le respect des consignes de sĆ©curitĆ© et la dĆ©sinfection en permanence des lieux de travail.
Bien que le tĆ©lĆ©travail nāest pas nĆ© avec la crise du coronavirus, nous lāavons dĆ©veloppĆ© ces derniers mois au sein du groupe pour certains postes qui ne nĆ©cessitent pas une prĆ©sence physique sur les lieux de travail. Avec la deuxiĆØme vague de la pandĆ©mie, nous avons haussĆ© le degrĆ© de vigilance avec le passage obligatoire par le test PCR pour chaque employĆ© prĆ©sentant le moindre de symptĆ“me dāinfection. En ce qui concerne lāactivitĆ© industrielle, contrairement aux acteurs de la premiĆØre monte, nous avons constatĆ© depuis le mois de Juin une forte demande sur les filtres automobiles. Ceci sāexplique par deux facteurs principaux : La plupart de nos confrĆØres mondiaux ont passĆ© beaucoup plus de temps pour redĆ©marrer leur activitĆ©. Certains dāentre eux nāont toujours pas repris leur activitĆ© normale. AprĆØs la fin du premier confinement et lāarrivĆ© des vacances dāĆ©tĆ©, le comportement du consommateur a complĆ©tement changĆ© : le transport en commun (bus, trains, avions, etc) a Ć©tĆ© sĆ©vĆØrement impactĆ© vu les exigences de distanciation imposĆ©es. Ceci a poussĆ© les gens Ć prendre plus leurs vĆ©hicoles pour se dĆ©placer ce qui a crƩƩ une nouvelle demande de piĆØces de rechange car on va parcourir plus de kilomĆØtres donc plus de vidanges et une hausse de la consommation des filtres.
3. Lāindustrie automobile en Tunisie se prĆ©pare-t-elle Ć aborder lāavenir ?
Le secteur automobile tunisien, qui reprĆ©sente aujourdāhui 80.000 emplois directs et 7.5 milliards de Dinars dāexportation est, comme de nombreux autres secteurs, durement touchĆ© par la crise du coronavirus. Les sociĆ©tĆ©s pour la plupart totalement exportatrices, se battent pour sauvegarder leurs marchĆ©s et les emplois, dans un contexte imprĆ©visible. Le rĆ“le et le soutien de lāĆ©tat est maintenant plus quāindispensable afin dāaider les sociĆ©tĆ©s sinistrĆ©es Ć dĆ©passer cette crise. En parallĆØle, le marchĆ© global de l’automobile s’est bel et bien effondrĆ© en termes de vente de vĆ©hicoles neufs. En contrepartie, la voiture Ć©lectrique, encore sous-reprĆ©sentĆ©e dans le marchĆ© de l’automobile, a continuĆ© Ć gagner du terrain et se prĆ©sente maintenant comme une solution d’avenir. Dans cet optique, lāindustrie automobile en Tunisie doit sāorienter vers cette direction. La crise sanitaire a Ć©tĆ© une raison aux grands acteurs mondiaux du secteur (surtout en premiĆØre monte) pour se restructurer. Nous avons commencĆ© Ć voir des gĆ©ants fermer des usines, licencier leurs employĆ©s et sāorienter vers la sous-traitance au lieu de des dĆ©veloppements internes.
4. Comment Misfat se prĆ©pare-t-elle Ć aborder lāavenir ?
Bien que la voiture Ć©lectrique continue Ć gagner du terrain, la demande du filtre pour le marchĆ© de rechange (comme toute autre piĆØce de consommation) va au moins continuer Ć se maintenir pendant les 10-15 prochaines annĆ©es afin de garantir les piĆØces pour les vidanges et les entretiens des moteurs thermiques du parc existant ainsi que pour les voitures qui sont en cours de fabrication dāici quelques annĆ©es.
Depuis 2019, nous avons commencĆ© Ć sentir un changement par lāaugmentation de nouvelles RFQ pour des projets premiĆØre monte qui ont Ć©tĆ© historiquement attribuĆ©s Ć nos confrĆØres, leaders mondiaux en filtration. Il y avait eu Ć©galement une augmentation de la demande sur la piĆØce de rechange avec une accĆ©lĆ©ration depuis la fin du premier confinement vu que certains acteurs ont dĆ©cidĆ© de rĆ©duire leurs effectifs, voire fermer des usines.
Ceci nāa pas empĆŖchĆ© MISFAT Ć entreprendre depuis quelques annĆ©es une stratĆ©gie de dĆ©veloppement de nouveaux produits, principalement dans le pĆ©rimĆØtre de la filtration, afin de diversifier son activitĆ© et de se prĆ©parer Ć lāarrĆŖt des voitures Ć carburant. Les futurs investissements seront engagĆ©s pour une pĆ©riode dāamortissement beaucoup plus courte que lāhabituel.
5. Vous ĆŖtes par ailleurs membre directeur Ć la TAA quel sont vos objectifs et ambitions en ce qui concerne lāassociation et son Ć©volution ?
La TAA a Ć©tĆ© crƩƩe dans lāobjectif de favoriser les Ć©changes, la collaboration et la synergie entre les entreprises du secteur de lāindustrie automobile et dāaccompagner les autoritĆ©s Tunisiennes pour dĆ©velopper et promouvoir le secteur en Tunisie. Le secteur automobile tunisien reprĆ©sente aujourdāhui 80.000 emplois directs. Lāengagement de la TAA est clair : Il sāagit, pour nous, de booster lāinvestissement dans le secteur automobile, de crĆ©er de la valeur locale et Ć lāexport et, bien sĆ»r, crĆ©er le maximum dāemplois industriels. Il ne faut pas exclure lāimportance de la formation professionnelle au niveau main dāÅuvre qualifiĆ©e aussi bien que pour les managers intermĆ©diaires. Ces objectifs ne peuvent se matĆ©rialiser quāĆ travers une dĆ©marche commune où tous les acteurs, publics et privĆ©s, avancent ensemble dans la mĆŖme direction. Cāest une dĆ©marche nĆ©cessaire afin de prĆ©parer le terrain favorable pour quāun constructeur automobile puisse sāinstaller un jour en Tunisie.
6. Comment imaginez-vous lāindustrie automobile dans les annĆ©es Ć venir en Tunisie ?
ConnectĆ©e, Autonome, PartagĆ©e, ĆlectrifiĆ©e sont les principales caractĆ©ristiques des voitures Ć©lectriques. Avec la crise Coronavirus, nous voyons une accĆ©lĆ©ration de dĆ©veloppement de cette nouvelle gĆ©nĆ©ration de voitures ; appelĆ©e auparavant Ā« la voiture de demain Ā».
Personnellement, je pense que la Tunisie peut devenir le leader dans le secteur automobile en Afrique. Nous avons tout ce quāil faut pour rĆ©ussir : un niveau Ć©ducatif universitaire Ć©levĆ©, main dāÅuvre compĆ©titive, tissu industriel et un savoir-faire bien dĆ©veloppĆ© dans la mĆ©canique, la fonderie, lāĆ©lectronique, la plasturgie, traitement de surface, etc. Toutes les sociĆ©tĆ©s de ces secteurs opĆØrent avec de la main dāÅuvre purement tunisienne et des ingĆ©nieurs tunisiens. Nous devons donc rĆ©ussir Ć dĆ©velopper lāindustrie automobile en Tunisie. Ces derniĆØres annĆ©es, nous avons commencĆ© Ć sentir que la compĆ©titivitĆ© de la main dāÅuvre des pays de lāEurope de lāEst est en train de se dĆ©grader avec lāaugmentation des salaires dans ces pays. Ceci prĆ©sente une vĆ©ritable opportunitĆ© pour la Tunisie qui peut ĆŖtre trĆØs active en termes de dĆ©veloppement et de servir comme un hub pour lāAfrique et lāEurope.
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