Entretien avec Wissem Badri, Directeur Général de Kromberg & Schubert Tunisie.
Comment résumer en quelques mots l’histoire du site industriel de Kromberg & Schubert en Tunisie ?
Bonne question, j’utiliserai l’expression suivante : Kromberg & Schubert en Tunisie, c’est d’abord un démarrage, puis une stabilité, ensuite un échec et presque une faillite, ensuite c’est la réussite et puis l’excellence ! Il faut savoir que 2013 et 2014 étaient les pires années pour cette entreprise qui est incontestablement le plus grand employeur de tout le Nord Ouest.
Les perturbations post-révolution ainsi que l’esprit revendicatif qui se sont produits au sein même de l’usine ont faillit paralyser l’activité du site de Kromberg & Schubert à Béja. Les incidents à répétition étaient d’autant plus pénalisants que l’usine devait assurer des volumes de production plus conséquents pour ses clients en Europe.
Cela s’est traduit par d’énormes problèmes de qualité avec tous nos clients et le groupe propriétaire de l’usine est arrivé à la situation de « business on hold », ce qui a représenté une menace pour l’usine.
Toutefois, je dois souligner une nuance de taille c’est que cette instabilité sociale ne s’explique pas uniquement par le syndrome post 14 janvier mais aussi par des dysfonctionnements et des défaillances internes sur le site de Béja. Résultat des courses, Kromberg & Schubert Béja était proclamée usine non compétitive et enchaînait ainsi, pendant deux années consécutives,des pertes financières très importante. En début de 2014 la décision de fermer le site tombe !
Et alors ?
Fort heureusement, notre gouvernement et des personnalités nationales influentes tel que le Bureau exécutif de l’UGTT et celui de l’UTICA qui ont entrepris d’exercer d’importantes pressions pour infléchir la décision de Monsieur Kromberg le patron du groupe. Une fermeture du site aurait eu des conséquences incalculables sur la région de Béja et un impact social gravissime sur la vie quotidienne de milliers de familles, l’usine employant à cette époque plus de 5000 personnes.
Ensuite ?
C’est le dégel. Le site de Béja se voyait offrir une seconde chance. En juin 2014 le groupe m’a proposé de joindre le Top management au détriment d’un poste que j’avais au Qatar et au sein de la compagnie Ooredoo.
Le défi était double pour moi, il s’agissait de contribuer au redressement de l’économie du pays et réussir à diriger avec succès un fleuron de l’industrie automobile tunisienne. Nous avons rapidement mis en place une nouvelle équipe de Management, assaini ce qui restait de l’ancienne équipe et surtout mis en œuvre toute une stratégie pour impliquer le personnel autour de l’entreprise et autour d’une charte de valeurs forte et fédératrice à travers une stratégie de Communication Interne basée sur la transparence, la confiance et la Motivation.
Pour obtenir le succès industriel il faut assurer la réussite sociale. De ce fait, Il nous a fallu installer une nouvelle culture et favoriser un nouvel environnement dont les maîtres mots sont la compétitivité du site et l’épanouissement social des équipes. Sur ce volet, je considère que notre politique RSE a fini par donner ses fruits et entraîné une forte implication et une loyauté hors pair du personnel.
Ma fierté réside surtout sur le fait que la situation a été redressée avec une Main d’œuvre et des cadres 100% Tunisiens. Une situation qui a été maintenue après son redressement à travers une excellente entente et collaboration avec le nouveau bureau syndical au sein de l’entreprise.
Et sur le plan industriel ?
Le redressement a bien eu lieu et nous l’avons converti en excellence avec une réorganisation en profondeur et une création d’un pôle industriel robuste constitué de plusieurs experts en processus de fabrication de câblages pour l’industrie automobile et chapeauté par mon collègue M. Abdelhak Mansouri, une référence dans le domaine. Pensez – vous que c’est le fruit du hasard qu’en 2017, le site de Béja soit classé 1er dans le groupe en terme de compétitivité, d’efficience et de résultats financiers. Le groupe Kromberg & Schubert comprend 40 grands sites de productions répartis sur Cinq Continents mais la palme d’or revient à la Tunisie et à son nord ouest !
La page des années noires étant tournée, aujourd’hui nous sommes désormais parmi le top 5 des sites les plus performants dans le groupe et ce sont nos clients et nos donneurs d’ordre mondiaux qui nous le disent. Nous avons le meilleur rapport coût horaire et le groupe a décidé d’affecter au site Tunisien tout nouveau projet, ce qui signifie une augmentation des investissements.
Quels sont vos principaux clients ?
Nous assurons la fabrication des câblages pour le compte de plusieurs industriels automobiles Allemands et spécialement AUDI, VW, BMW et DAIMLER. Ce sont des marchés que nous remportons dans le cadre d’appels d’offres internationaux. Notre fournisseur en câble n’est autre que le géant Tunisien COFICAB, ce qui nous permet de réaliser des gains en logistique et en transport tout en garantissant une matière première de qualité. Nous avons plusieurs projets dans le pipe et s’ils se transformeront en contrats(je suis confiant et optimiste), nous envisagerions à long terme une extension de notre site de Béja.
Le mot de la Fin ?
La réussite de Kromberg & Schubert Tunisie n’était pas uniquement la réussite de Wissem Badri, cette réussite était le fruit d’un travail d’équipe, d’une équipe de rêve que nous avons constituée tout au long de ces années.
Je ne peux pas clôturer ce passage sans valoriser tous les efforts fournis pour mener notre bateau à bon cap, et là je désigne tous les opérateurs, les agents de maitrise, les cadres, le syndicat de base ainsi que l’équipe de la sécurité de l’entreprise.
A travers cette mosaïque, nous avons créé de la richesse, nous avons créé des valeurs et surtout nous avons créé le Succès.
0 commentaires